Monsieur Boubaha est courageux et lucide, il nous oriente, mais nous...ça me rappelle un poême d'Ait Menguellet
Le Maudit
Il vous appellera
Lui répondrez-vous ?
Si vous faites sourde oreille
Rien d’étonnant à cela
Ne disait-on pas que c’est dans l’adversité
Que l’on reconnaît son ami ?
S’il est prévenant
Il bravera toute difficulté.
Il vous appellera
Vous l’entendrez, il le sait
C’est clair que vous l’entendrez
Mais, lui répondrez-vous ?
L’homme devient
Tel un aigle
Voyant un bâton
Il le prit pour un serpent.
Voilà que je le trouve égaré
Piégé derrière les barreaux
C’est son sens de la dignité qui l’y a mené
Refusant de fléchir devant l’humiliation
Le jour où vous entendîtes ses cris
Ô vous, ses amis
Chacun vaquait à ses propres affaires.
Il avait affronté l’impossible
Se croyant par vous soutenu
Comptant vous avoir derrière lui
Il vous appellerait au besoin
Le jour où vous entendîtes ses cris
Ô vous, ses amis
Chacun, fuyant, prit son chemin.
Il était allé affronter le feu
Pour sauver ce qui restait encore
Vous l’aviez aidé par des mots creux
Alors qu’il défendait votre bien
Le jour où vous entendîtes ses cris
Ô vous, ses amis
Chacun avançait un empêchement.
Vous l’avez envoyé à l’avant-poste, il y est allé
Sans avoir personne à ses côtés
Vous dites l’aimer comme vous-mêmes
Mais trop risqué est la voie qu’il a choisie
Le jour où vous entendîtes ses cris
Ô vous, ses amis
Vous fûtes enchaînés par la peur.
Vous rafistolez les lacérations, enfin
C’était à bon droit
Si vous l’aviez alors rejoint
Qui aurait bénéficié des fruits de la lutte à la fin ?
Et le jour où vous entendîtes ses cris
Ô vous, ses amis
Vous dites de lui qu’il n’était pas rusé.
Quand il regrettait, il était bien tard
Il comprit qu’il n’était pas rusé
Bien qu’il éveillât plus d’un
Sur ce dont vous traitez à présent
Et si vous entendiez ses cris
Ô vous ses amis
Sans doute vous en perdriez le sommeil !
Traduction : Amar Naït Messaoud