Et voila un autre poème, La chanson raconte l’histoire d’un prince désigné héritier par son père.
A la mort de ce père, les frères en ont décidé autrement. Il l’ont
spolié de son trône et exilé. Dans sa terre d’exil, il demande les
nouvelles de son pays à un nuage venant de sa direction. Répondant au
prince, le nuage personnifié rend compte de l’état du royaume et de sa
gestion par les frères usurpateurs et tyrans.
Le Nuage
Mes yeux ont cherché
Où trouver un de mes amis.
Ils ne sont plus autour de moi
Et leur arrivée est compromise.
Où êtes-vous, où êtes vous allés,
O vous qui refusiez le déshonneur ?
Mon cœur refuse
De croire que je n’ai plus d’amis.
Ils vous cherchent,
Il vous retrouve dans les rêves.
Où êtes vous
Où êtes vous allés
Vous que les jours ont trahis ?
La nostalgie est permanente
Elle a fait de mon cœur sa demeure.
Elle trouve en moi
Tout ce qu’elle pouvait désirer.
Où êtes vous
Il n’y a que votre joie
Qui puisse lui prendre sa place.
La nostalgie m’a dit :
Je ferai de ton cœur ma résidence.
Maintenant je peux te vaincre
Car tes amis étaient ta seule défense.
Tes amis étant partis
Tes amis n’étant plus avec moi,
Qui viendrait à ton secours?
Je suis banni comme tous les bannis
Mais pour une raison qui m’est propre :
Le frère en qui j’espérais le bien
A résolu de me combattre.
Je pars, je change de pays
Reste frère, fais à ta guise.
Rappelons à la génération oublieuse
Le temps de notre engagement :
Quand lui servait le couscous pour l’ennemi,
Moi je le truffais de billes de plomb.
Quand le conflit prit fin
Je me suis retrouvé sous sa protection.
Ta protection était un pieu enclave
Enfoncé dans le cœur de ma maison.
Et moi je devais rester sur le seuil
D’où je devais mendier ton pain.
Je suis fait du chêne qui refuse de plier,
Pas de la consistance fragile du roseau.
Depuis leur éloignement du pays,
Mes yeux n’ont pas cessé de pleurer
Et d’attendre qui allait venir
Pour au moins nous apporter les nouvelles.
Ce n’est pas toi l’objet de ma nostalgie, frère,
Mais la terre qui nous a engendrés.
O Clair de lune
Qui as oint les sommets
O clair de lune !
Où que je sois
Où qu’ils veuillent être,
O clair de lune,
Je te vois
Comme ils te voient
O clair de lune.
J’ai attendu les nouvelles
Aujourd’hui comme hier
J’ai attendu les nouvelles
Le jour et son lendemain confondus.
J’ai attendu les nouvelles
Eté comme hiver
J’ai attendu les nouvelles
En surveillant toutes les directions
Le nuage vint et me trouva
Sur ma demande
Il me répondit : o mon pauvre malheureux !
D’où viens-tu nuage ?
O nuage amené par le vent !
Je viens d’où tu viens
Et où tu ne retourneras jamais
O mon pauvre malheureux.
Qu’as-tu vu ? Ô nuage !
Ô nuage amené par le vent !
J’ai vu ceux que tu aimes
Et que tu ne reverras plus jamais
Ô mon pauvre malheureux.
Pourquoi suis-je banni ? Ô nuage !
Ô nuage amené par le vent !
Depuis la mort de ton père
Ton rêve s’est transformé en cauchemar
Ô mon pauvre malheureux !
Mon frère détient-il encore le pouvoir ?
Ô nuage amené par le vent !
Un oligarque au pouvoir absolu
Ne craint personne à s’éterniser
Ô mon pauvre malheureux !
Dis-moi, le pays vit-il sous l’injustice ?
Ô nuage amené par le vent !
Ce sont tes frères qui la pratiquent,
Ils l’enterrent quand ils en sont lassés
Ô mon pauvre malheureux !
Il n’y a plus d’injustice alors,
Ô nuage amené par le vent !
Tes frères qui l’ont enterrée
Sont en train de la déterrer
Ô mon pauvre malheureux !
Quelle est ta destination ? Ô nuage!
Ô nuage amené par le vent !
Tes frères m’ont engagé
Pour te priver de soleil
Ô mon pauvre malheureux !